« Je suis en mode burn-out »…
Voici une phrase que j’ai encore entendue récemment.
Voyons les choses positivement: cette phrase révèle que le burn-out est de moins en moins tabou dans notre société. Les langues se délient ! Bon, de là à ce que les véritables « burnoutés » osent pleinement l’assumer et le crier sur tous les toits, nous avons encore du chemin à faire.
Mais…non le burn-out n’est pas une nouvelle « mode » !
Ne banalisons pas ce syndrome qui engendre une véritable souffrance, la plupart du temps invisible de l’extérieur (du moins dans les premières étapes du processus). Une souffrance qui de ce fait, engendre un sentiment de honte et de culpabilité car « je n’ai pas une jambe dans le plâtre ».
Il est donc essentiel de distinguer la fatigue habituelle et le stress « normal », du burn-out à proprement parlé.
Le stress est, en soi, normal et la plupart du temps bénéfique. Il s’agit d’une réaction physiologique, instinctive et immédiate du corps pour faire face à un danger imminent. A l’origine, l’homme préhistorique qui devait faire face à un prédateur, pouvait alors remercier ce pic hormonal de cortisol et d’adrénaline qui le préparait au combat ou…à la fuite !
C’est grâce à lui que nous sommes stimulés et que nous réagissons rapidement face à des situations imprévues ou complexes. Une fois passé ce pic de stress (et d’adaptation à la situation) : retour à la normale, notre corps récupère. C’est ici qu’entrent en jeu notre système nerveux (sympathique et parasympathique) et hormonal (la fameuse « hormone du stress » : le cortisol, et son amie l’adrénaline).
Le burn-out est quant à lui la conséquence d’un stress accumulé sur une longue période, stress alors devenu chronique.
Définition du burn-out :
Le terme, apparu dans le milieu professionnel dans les années 1960 / 1970, signifie « grillé » ou « s’éteindre ». Personnellement, je trouve que la traduction « brûlé de l’intérieur » est assez juste. Car le burn-out ne se voit pas forcément de l’extérieur…ce qui, au passage, ajoute une bonne dose de culpabilité et de honte sur celui ou celle qui le vit « de l’intérieur ».
L’OMS le définit comme un « syndrome résultant d’une exposition prolongée à un stress professionnel chronique qui n’a pas été géré correctement ». Néanmoins, je trouve cette définition quelque peu culpabilisante à lire pour un « burnouté » fraichement sorti de son (dé)nid.
La Haute Autorité de Santé française le définit quant à elle comme un « état d’épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel » (2017)
Il se caractérise à travers 3 dimensions :
- Un état d’épuisement intense dans le cadre de l’activité professionnelle
- Une dépersonnalisation (détachement vis-à-vis de ses clients, de ses collègues…)
- Une perte d’efficacité
Le burn-out n’est pas dans la tête !
Contrairement aux croyances, et sous réserve de nouvelles recherches scientifiques, il s’agit d’un épuisement physiologique (cela se passe dans le corps), qui finit par avoir un impact sur l’équilibre psychologique (à l’inverse de la dépression qui est une maladie psychique qui a des conséquences sur le corps).
La psychologue Catherine Vasey (livre Comment rester vivant au travail) compare ainsi le burn-out aux effets d’un surentraînement sportif (l’entraînement physique étant un stress / un effort d’adaptation pour l’organisme) : « Chaque entraînement imposé au corps lui demande de s’adapter et de récupérer pour être prêt à faire face à la prochaine sollicitation, au prochain stress ».
RECUPERER….voilà la clé.
A défaut de pouvoir agir sur les stresseurs (facteurs – internes ou externes – qui contribuent à augmenter le stress), nous devons apprendre à récupérer suffisamment entre chaque événement stressant ou qui nous demande un effort d’adaptation. Au risque de « tomber » dans la « sur-adaptation ».
On pourrait ainsi résumer le burn-out comme ceci : trop de stress, pendant trop longtemps, sans ressource suffisante (récupération) pour compenser.
La psychologue Cathy Assenheim (livre Mon cerveau est hyper) fait elle aussi une métaphore intéressante : celle d’un compte bancaire !
Selon elle, nous serions tous dotés dès la naissance d’un « compte courant » et d’un « compte épargne ». Le compte courant étant assimilable à de l’énergie d’adaptation rapidement mobilisable puisque nous pouvons puiser dedans facilement et la compenser rapidement par une sieste, des vacances, ou des activités relaxantes. Mais lorsque nous avons trop puisé dans cette réserve énergétique « courante », nous devons aller puiser dans notre « compte épargne ». L’énergie que l’on en retire va en revanche mettre beaucoup plus de temps à être « renflouée ».
De mon côté, je compare souvent le corps à une batterie. Il est essentiel de veiller à ce qu’elle soit toujours chargée, ou du moins qu’elle soit en capacité de se recharger de manière continue. Car une fois que cette source d’énergie est vide, c’est la « batterie de secours » qui prend le relais pour survivre. Cela prendra alors beaucoup plus de temps et d’effort à notre organisme pour retrouver son état antérieur.
Plus nous mettons du temps avant de (re)charger la batterie, plus de temps celle-ci mettra à se recharger.
Le burn-out est un PROCESSUS et non un état!
La chronicisation se déroule en 3 phases principales (je précise « principales » car, selon les différents auteurs et spécialistes du sujet, nous pouvons les scinder encore):
- La phase d’alarme: période de stress aigu mais temporaire (stress « normal »). Le cortisol augmente et l’organisme se met en alerte et mobilise les ressources nécessaires pour faire face à un « danger imminent ». A ce stade, « le burn-out » ne se voit pas. Tout au plus la personne ressent une fatigue mais se dit que « c’est normal va passer… »
- La phase de résistance: la phase de stress dure plus longtemps (de quelques mois à plusieurs années). Notre corps reste bloqué en mode « alerte ». Les symptômes commencent à être visibles (sans pour autant être associés au burn-out…et oui ce serait trop facile !) et à s’accumuler : baisse du système immunitaire, « petits rhumes » ou autres « petites infections » qui s’enchaînent, maux de dos, troubles digestifs, difficultés liées au sommeil… Les hormones « du stress » s’emballent. Les alternances de « haut » et de « bas » font que la personne se trouve dans un certain déni « ah mais non là ça va mieux ». Elle résiste.
- L’effondrement, ou la « chute » : la batterie est vide. L’organisme s’effondre, nos ressources sont épuisées. Le taux de cortisol chute en dessous de la normale
Cette phase d’effondrement est aussi appelée la phase dite du « burn-out ».
Personnellement je ne suis pas adepte de nommer cette phase « burn-out », mais c’est purement personnel ! Car c’est en ayant eu cette croyance que je n’étais pas en « burn-out » tant que je tenais debout, que je suis restée dans la phase de résistance pendant deux ans ! Et que j’ai mis presque autant de temps à m’en remettre.
Ce qu’il faut retenir ici c’est que le burn-out est un PROCESSUS et non un état! Il s’agit de savoir à quel degré de gravité d’épuisement (de « stade ») nous sommes…